Yes You Web!

Publié le 19 novembre 2022 —

UX, UI ?

Depuis quelques années, les termes « webdesign », « design digital » sont non seulement tombés dans l’obsolescence la plus totale, mais ont été carrément bannis du vocabulaire.
Aujourd’hui, on ne parle principalement que d’UX, beaucoup, et d’UI, un peu.
Bien que cela n’ait pas l’ampleur d’une tendance majeure ou d’une révolution post-industrielle, UX et UI sont sur toutes les lèvres à ce jour.
Mais de quoi parle-t-on exactement ?

Formes et fonctions de l’UX

L’UX — pour « User eXperience », expérience utilisateur dans la langue de Molière — bien que décrite et définie par pléthore de sources diverses et variées, est une discipline récente dont les contours ne sont pas toujours très nets… À géométrie variable dirons-nous.
Alors que 1,93 milliards de sites sont en ligne aujourd’hui* et que les nouvelles applications génèrent désormais à elles seules 230 milliards de téléchargements par an**, il fallait bien s’attendre à voir émerger les 10 commandements de la bonne utilisation d’une interface digitale.
Et c’est là où le bât commence à blesser. Quand on pose une limitation de vitesse sur une route, c’est pour mettre tout le monde à la même allure.

Expériences, vraiment ?

Lorsque tout le monde s’y met, simples ergonomes-évangélistes ou moins discrètement des Google®, Apple® ou Figma®, comment échapper à une normalisation quasi-dogmatique de L’UX ?
Lorsque chacun assène sa parole comme universelle, comment trouver sa propre voix (ou voie) ?

De l’expérience, que reste-t-il alors ? Peu de choses, car les chemins deviennent balisés à l’excès et les codes graphiques s’uniformisent comme sortis du même moule. Pour simplifier encore plus la tâche, il existe maintenant des modèles pré-conçus sur internet et librement téléchargeables, les fameux « UX-UI kits ».

Lorsqu’on refait 50 fois le chemin, difficile dès lors de parler d’une réelle expérience utilisateur, car celle-ci est désormais toujours la même.
Bien sûr, l’idée n’est pas d’appeler à un soulèvement anarchique pour mettre un grand coup de pied dans la fourmilière, mais plutôt à se poser la question : le designer peut-il encore faire son job correctement, à la lumière de son expertise visuelle ?

Et le design, dans tout ça ?

Dans le process actuel, la place du design reste subordonnée au « product design », c’est-à-dire une suite de réflexions visant à optimiser ladite expérience utilisateur dont nous parlions plus haut, pour la rendre absolument conforme et similaire à toutes les autres.
Or, si le design intervenait un peu plus en amont, n’aurait-on pas la possibilité de vivre des expériences un peu plus variées et un peu plus émotionnelles ?

Si les designers aujourd’hui sont appelés pour traduire visuellement non plus des interfaces mais des expériences, il est dommage que leur rôle se limite à choisir la couleur d’un bouton que l’on retrouvera partout, à la même place. Et considérer que l’utilisateur sera incapable de parvenir à son objectif parce que le chemin qui l’y mène n’est pas LA route que tout le monde emprunte me semble, à titre personnel, très réducteur.

Conclusion

Malgré tout le talent et l’expertise qu’un.e designer pourra déployer sur une interface digitale, il me semble qu’il n’y aura pas réellement matière à parler d’expérience(s) tant que l’utilisateur ne sera pas confronté à davantage d’intuition et d’émotions. Le terme « usage utilisateur » me semble alors plus adéquat.
Voilà, on vient d’inventer l’UU, ce n’est pas rien…

Ce petit article n’a pas la prétention d’apporter une lumière magistrale sur le sujet, mais juste lever quelques questionnements.
N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques et commentaires.

*S. Mesnildrey, sales-hacking.com
**A. Aballéa, blogdumoderateur.com